Le Canada, relevant alors de l’Empire britannique pour ses relations extérieures, entre de facto en guerre lui aussi. Dès le mois de septembre de la même année, une importante requête émanant de la volonté populaire francophone réclame au premier ministre du Canada, sir Robert Laird Borden, la formation d’une unité combattante composée uniquement de Canadiens-français.
Cette requête est soutenue par sir Wilfrid Laurier, ancien premier ministre du Canada de 1896 à 1911, qui y explique que la formation d’une telle unité connaîtrait certainement un franc succès au sein de la population francophone.
Ainsi, le 21 octobre suivant, le gouvernement autorise la formation du 22nd Battalion (French-Canadian) du Corps expéditionnaire canadien, la première unité « canadienne-française » à combattre au sein des forces de l’Empire britannique.
Insigne de 1914
Le 15 septembre 1915, le 22nd Regiment débarque en France pour participer à la plupart des engagements de la Grande Guerre et ce, jusqu’à la fin de la guerre. Le Bataillon s’illustre sur tous les fronts et participe à des batailles décisives telles Flers-Courcelette, la crête de Vimy et Chérisy. Il a ainsi combattu dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, la Belgique et l’Allemagne.
Lors de cette guerre, deux des membres du Régiment reçoivent une Croix de Victoria, la plus haute distinction militaire du Commonwealth, pour les batailles de Neuville-Vitasse et Amiens.
À son retour au Canada, le 18 mai 1919, le Régiment est dissous, puis activé de nouveau le 1er avril 1920 sous l’appellation 22nd Regiment. En 1920, à la demande du maire de Québec, Joseph-Octave Samson, il s’installe à la Citadelle qui devient sa résidence officielle (c’est encore aujourd’hui la maison mère du Régiment).
Le 1er juin 1921, en reconnaissance de sa vaillance au combat au cours de la Première Guerre mondiale, le Régiment se voit attribuer le titre de « Royal » par le roi George V et devient le Royal 22nd Regiment. En 1928, le Régiment obtiendra le droit de franciser son nom; depuis, il s’appelle « Royal 22e Régiment ».
En 1924, en gage de reconnaissance, la France confie au Royal 22nd Regiment la Croix de Vimy, qui avait été plantée sur la crête de Vimy à la suite de la victoire des Canadiens en avril 1917. Le Régiment l’installe à la Citadelle. Depuis, la France a cédé le territoire de la Crête de Vimy au Canada.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939, le Canada, devenu indépendant dans sa politique extérieure, fait le choix d’entrer en guerre au côté des Alliés. Le Régiment est alors déployé en Angleterre et participe à la défense du pays. Le 10 juillet 1943, il débarque à Pachino, en Sicile, et combat pendant 18 mois en Italie. C’est lors de cette campagne, à la bataille de la Casa Berardi, qu’un de ses membres se mérite une Croix de Victoria.
En mars 1945, les « 22 » quittent l’Italie et prennent part à la libération de la Hollande jusqu’à la capitulation inconditionnelle de l’Allemagne. Quelques mois plus tard, le Régiment reviendra chez lui, au Canada.
Le conflit en Corée amène le Régiment à former les 2e et 3e Bataillons.
De 1951 à 1953, chacun des bataillons prend part au conflit, s’alternant chaque fois après une année. Le Régiment a laissé sa marque auprès des Coréens, notamment en créant les « Charités Khaki » : ses membres récoltaient les surplus alimentaires du bataillon afin de les redistribuer dans les hôpitaux ou les orphelinats de la Corée.
Cet organisme caritatif est né de l’initiative du sergent-major Maurice Juteau, vétéran de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis 1948, le Royal 22e Régiment participe, sur une base individuelle ou collective, aux missions humanitaires et de maintien de la paix de l’ONU. Ses membres ont, entre autres, servi en Indochine, au Cachemire, au Moyen-Orient, au Congo, en Haïti et en ex-Yougoslavie. L’une des plus longues actions du Régiment avec l’ONU fut celle de Chypre, qui perdura de 1964 à 1992.
Sous l’égide de l’OTAN, les bataillons du Royal 22e Régiment se succèdent pour servir en Allemagne ainsi qu’en Somalie, dans le Golfe Persique, au Timor-Oriental, en ex-Yougoslavie et en Afghanistan. Lors de ses missions en Afghanistan, le Régiment a sécurisé des régions, construit des infrastructures, effectué des actions humanitaires et initié des rencontres avec les villageois.
Aujourd’hui, le Régiment se compose de trois bataillons réguliers de soldats (1er, 2e et 3e) et de deux bataillons de réserve (4e et 6e). Tous les soldats du Régiment sont des fantassins de carrière.
Télécharger un document commémoratif du 100e anniversaire qui vous permettra d’en savoir davantage sur l’historique du Royal 22e Régiment.
Le Régiment a reçu et perpétue 47 honneurs de bataille pour distinguer des actions spécifiques et des actions de généralités en activité de service.